Intro
Jusque là on s'était contentés de puces, de poux et autres Phtirus pubis...
Bien qu'ayant toujours été proches des animaux en général, mon épouse et moi n'en avions jamais eu par peur des contraintes, mais aussi du fait qu'habitant en appartement, cela ne nous paraissait pas top pour le bien-être de l'animal; surtout que j'avais une prédilection marquée pour les gros chiens style Labrador, Golden ou Berger plus ou moins allemand.
Si je m'entendais bien avec les chats des autres, ceux-ci ne me semblaient pas très intéressants (les chats, pas les maîtres, quoique parfois...) du fait de leur passivité...apparente.
On se contentait de caresses distribuées lors des rencontres avec les bateaux de passage hébergeant des animaux. A noter que les chiens, marins particulièrement, sont nettement moins agressifs et/ou grogneurs que beaucoup de chiens terrestres.
Mais tout ça, c'était avant! Jusqu'à ce que...
La rencontre
C'était lors une sombre fin de journée d'hiver en auvergne. En fermant les volets
du rez de chaussée de la maison familiale, Anny (ma chère et tendre) aperçoit un jeune chat assit sur son cul-cul, dans la neige et qui la regarde fixement. Comme il a une bonne tête et que je suis en bateau, elle le fait entrer dans la maison. Il semble très affectueux et propre sur lui.
Il s'installe d'autorité dans le canapé, dîne avec elle et monte se coucher dans la chambre!
La nuit se passe sans incident, ce minou sait se tenir. Au matin il demande l'ouverture de la porte et va faire sa vie
Evidemment, Anny est tombée sous le charme et elle court acheter croquettes, bac à sable et litière. Le soir, re-belote, le chat sonne à la porte, pardon...miaule à la porte, se précipite dans son bac à sable et y fait ce qu'il est sensé y faire...décidemment ce chat a de l'éducation.
Après interrogation des voisins et voisines, il semble que le minou s'abrite dans des caves du quartier avec d'autre chenapans; il a un collier mais sans inscription aucune et pas de tatouage.
A mon retour du bateau, je découvre le phénomène. C'est vrai qu'il est sympa et gentil. Comme il est castré, nous pensons qu'il a été perdu ou abandonné.
La routine s'installe pour quelques semaines, puis vient pour nous, le temps de rentrer à Paris.
Question: Devons-nous le ramener avec nous en appartement ou le laisser libre puisqu'il passe une grande partie de ses journées et et/ou de ses nuits, à l'extérieur?
Craignant qu'il s'ennuie en vase clos, je penche pour le laisser sur place sachant que la nourriture ne pose pas de problème, les amis des chats du coin s'en chargeant quotidiennement.
C'est donc avec des sentiments mitigés que nous partons...pour revenir deux mois plus tard afin d'effectuer des travaux dans la maison.
Le chat rapplique dans la journée et les bonnes habitudes reprennent.
Un voisin nous signale que le minou est venu tous les jours s'asseoir de longs moments devant la porte en attendant vainement l'ouverture d'icelle.
La décision est vite prise, Mamour, Anny l'a baptisé ainsi (Les fans de Johnny comprendront), sera du prochain voyage vers le nord.
Qui est le maître?
Mon épouse rentre à la ville et je reste sur place avec "Ninou". En fait son nom "officiel" reste Mamour mais cela nous semble too much pour un usage au quotidien; de plus, les sonorités "i" et "ou" sont mieux perçues par les félins.
Vient le moment du retour et j'essaye de l'habituer par de courtes sorties en voiture mais visiblement, dès que l'on quitte le quartier il se met à pleurer à fendre l'âme et tout rentre dans l'ordre au retour, à l'instant même où il reconnaît ses marques.
Il y a cinq cents kilomètres à faire, ce ne sera pas une partie de plaisir.
Je n'ose pas le mettre dans une cage de transport et c'est donc en chat libre que nous prenons la route. Au bout de vingt kilomètres, premier arrêt pour trottiner dans les bois et se calmer. Nouveau départ et ce n'est qu'après la moitié du parcours qu'il sera calmé. Visiblement il n'aime pas la vitesse. Les derniers deux cents kilomètres se feront sur mes genoux et son pouls
redeviendra normal.
Bien qu'ayant prévu nourriture et boisson, il n'acceptera rien de tout le voyage et ne fera aucun besoin naturel malgré les nombreux arrêts.
Arrivé à la maison, dans l'ordre, il découvre son nouveau territoire, se précipite dans son bac à sable, trouve des croquettes et enfin, boit.
Au bout de quelques jours nous finissons par nous rendre compte qu'il nous accepte chez lui.
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Les soins...jusqu'où aller?
Tout allait bien jusqu'à ce qu'un matin...
Le minou descend du lit, et ne peut se relever, son train arrière semble paralysé. Il se traîne à l'aide de ses antérieurs mais n'a aucun équilibre, sa tête bouge comme s'il regardait un match de tennis mais ses yeux sont fixes, eux! Si je lui bloque la tête, ce sont les yeux qui font gauche/droite comme un clignotant.
Le tableau est assez impressionnant. Il est sept heures du matin, un peu tôt pour le véto. Une heure après, la situation s'est nettement améliorée, il a retrouvé l'usage du train arrière et ses yeux ont juste un léger débattement. Dans la matinée, après examen et radio, le véto diagnostique un AVC sans séquelle apparente. Le lendemain matin, nouvelle attaque mais moins grave et le minou récupère dans la demi-heure.
On a échappé à l'IRM et au scanner de l'école Véto à Maisons Alfort, ce qui représentait quelques centaines pour ne pas dire milliers d'Euros.
Trois mois plus tard, visite de contrôle, il est trop gros (manque d'exercice par rapport à sa vie d'avant). Mis au régime pour un an avec des croquettes certainement fabriquées chez Cartier place Vendôme, vu le prix!
On constate qu'il a du tartre sur quelques dents ce qui nécessite une anésthésie générale. Durant l'examen préalable, on découvre qu'il a un souffle au coeur donc pas de détartrage pour l'instant. Rendez-vous est pris pour une échographie afin d'évaluer les dégâts. Traitement 1/4 de cachet par jour, à vie!
Nous sommes maintenant à quelques jours de l'échographie de contrôle qui permettra de juger de l'évolution du mal.
Ninou semble en pleine forme, pas stressé du tout, il est très affectueux, câlin et jamais agressif, même lors de la corvée quotidienne du cachet qu'il faut balancer au fond de la gorge afin qu'il ne soit pas rejeté.
Nota: On aura essayé toutes les présentations : mélanger le cachet au croquettes (entier, brisé, en poudre), l'enrober dans un apettant (1/4 de cachet c'est pas gros), l'écraser dans du yaourt etc. A chaque fois le minou a décelé nos basses manoeuvres et a délaissé la friandise avec un air outré, partant la queue en mât d'auto-tamponneuse. Oui! Celle toute droite en l'air, avec juste l'extrémité qui se balance de droite à gauche, ce qui est l'équivalent du doigt d'honneur en langage chat.
Ninou est un membre de la famille à part entière et la décision de ne plus soigner par manque de moyens doit-être excessivement pénible à prendre.
L'aventure marine
Cette année (2014), c'est le test découverte du bateau. Maintenant, les voyages en auto se passent plutôt bien. Alors on embarque la litière, les croquettes de luxe et la balance indispensable pour la dose journalière (59 g), quelques joujoux et son couffin.
Arrivés à destination, et une fois le bateau ouvert, je mets Ninou dans le cockpit et il disparaît presque immédiatement dans le fond d'une couchette.
Reste à trouver un endroit pour la litière. Il y a une bonne place dans la cabine avant, là où dort mon épouse, mais je rencontre une forte opposition soutenue par des arguments plus ou moins fallacieux concernant des odeurs éventuelles. Je capitule et installe une cuvette avec du joli sable blond sous la table à carte, emplacement aussitôt adopté par son usager.
Après une exploration en règle des lieux, Ninou se risque dans la descente, passe un museau à l'extérieur (sous notre regard de parents inquiets) puis redescend bien vite se tapir dans un coin sombre. Bon. Nous avions un peu peur qu'il veuille s'échapper pour une découverte au grand air, mais ça ne semble pas pour aujourd'hui...jusqu'à ce que, ...la nuit tombant avec un bruit sourd, il se mette à réclamer avec insistance la permission de sortie nocturne.
Alors je m'y colle, le harnais, la laisse et hop balade sur le quai, direction les poubelles, juste pour renifler. Poubelles que je visiterai très régulièrement tous les soirs, tant que nous serons à quai; ce qui, compte tenu de la météo, durera quelques jours.
Cela nous laisse le temps de voir les réactions avec le démarrage du moteur, et à régime constant. Pas de surprises, Ninou se carre au fond d'une couchette avec des gros yeux ronds puis s'étire et réclame à manger une fois le calme revenu.
Enfin vient le départ en mer. Tant que le moteur tourne pour sortir du chenal Ninou reste caché. Une fois les voiles hissées, il s'habitue rapidement aux mouvements parfois brutaux du bateau et se déplace sans problème à l'intérieur. Il hésite à grimper les marches de la descente, mais je suis là pour le guider. Dehors, Anny le récupère car on ne sait rien de ses réactions et je n'ai pas le goût pour la manoeuvre du chat à la mer.
Il regarde autour de lui, ne voit que de l'eau, trouve certainement que c'est immensément
vide et se cache dans les bras de mon épouse.
Au bout d'un moment, il veut reprendre sa liberté et rentre bien vite en sûreté dans le carré. Voilà pour l'aventure marine car...
... une heure plus tard, je suis debout sur la bôme
en train d'arranger une bosse de ris (elle en fait elle, des bosses) quand, patatras, je me casse la gu..le et m'encastre dans la descente. je ne peux plus bouger et Anny est enfermée dans un endroit pas très grand puisqu'il se nomme"le petit coin". Je la héle, mais avec le bruit du vent et de la mer, elle ne m'entend pas.
Enfin, je parviens à m'extraire de cette position d'abruti pour constater que je me suis niqué un coude, retourné un pouce et qu'un genou refuse de fonctionner. Heureusement c'est tout du même côté. Direction Saint Quay Portrieux, port que je déteste pour sa laideur mais accessible H24 et pour cette fois très content d'y entrer.
Contre toute logique, j'espère qu'une bonne nuit remettra tout en place, ce qui se révélera bien évidemment faux le lendemain matin. Dans l'après-midi, retour clopin-clopant au port du Légué.
La suite révélera une déchirure des ligaments croisés, ce qui ne pouvait pas vraiment s'auto-réparer.
La croisière 2015
Pour ce second trip sur la manche, très très humide cette année, Ninou retrouve ses marques dès son arrivée à bord. Le moteur le fait se terrer au plus profond de ma couchette et sous voiles, il préfère les banquettes du carré au cockpit ventilé. De plus, dehors, ça fait du bruit, y'a des bouts qui claquent et tout un tas de choses plus ou moins terrifiantes.
Malgré tout, il vit sa vie organique tout à fait normalement et réclame seulement un peu plus de "tendritude" (demandez des explications à Ségolène).
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