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Un esprit curieux n'est pas toujours bien compris.
Jacky et moi étions fièrement campés sur nos guibolles, le torse gonflé, le regard farouche défiant la horde sauvage qui voulait agresser Jeannine, notre protégée, et nous étions prêts à mourir pour elle ou pour le moins à résister un certain temps. Pour dire vrai, nous étions partagés entre le désir de prendre la poudre d'escampette et celui de ne pas décevoir la belle au cas où nous l'abandonnerions. Il faut dire que nous avions été adoubés "chevaliers servants" et cela impose des devoirs.
La scène se passe alors dans la cour de récré de la maternelle Saint Lambert et la horde sauvage est représentée par deux marmots de quatre ans à qui Jeannine, avait emprunté un cube à jouer. Mais ça, c'était avant que je sois renvoyé de la maternelle pour "turbulence excessive".
Malgré cela, nous nous voyions régulièrement au square Saint-Lambert où nos mères se retrouvaient pratiquement tous les après-midis. Ce square qui est assez grand était pour nous immense et source d'inspiration pour des jeux divers.
L'année suivante, nous avions tous les trois cinq ans, et je crois que c'est Jacky (le frère de Jeanine) qui balance sur le tapis :"Les filles c'est pas fait comme nous elles z'ont pas de robinet". Je me tourne vers Jeannine, le regard interrogateur et elle dit :" C'est pas vrai !".
Commencent les traditionnels échanges "Si c'est vrai ! - menteur ! - t'en as un de robinet ? - prouve-le !" et nous voilà partis à la recherche d'un buisson assez touffu pour abriter nos travaux pratiques.
Nous sommes en pleine comparaison tactile et olfactive lorsque retentit un "Bravo ! Je vais le dire aux parents."... Fatalitas ! C'était Paul, le grand-frère (quatorze ans) de Jacky et par là même, de Jeanine, qui nous avait découvert.
Je pense maintenant que le buisson n'était pas aussi dense que nous le croyions ou que le grand-frère nous avait espionnés. Retour en ordre dispersé vers le banc des parents où nous découvrons aussi le père de Jeannine arrivé entre temps. Lui qui d'habitude ne cessait de répéter :"Nous avons un soleil radieux aujourd'hui !" accompagné d'un sourire épanoui, je le trouve renfrogné, bougon, plus du tout le méditerranéen jovial que l'on connaît. Les deux mères se lèvent d'un bloc et nous traînent par la main vers nos foyers respectifs.
Paul, le délateur, avait préféré disparaître avant notre retour. Retour, parlons-en, le martinet était de la fête et moi de m'interroger sur ce que nous avions pu faire de mal.
Jacky et Jeannine étaient au CP dans une autre école et je ne revis Jeannine qu'une fois, deux ans plus tard. Elle avait accompagné sa mère venue visiter la mienne. Au départ on se tient bien sagement sur une chaise à écouter les propos sans intérêt de nos mères qui, devant certainement parler de choses qui ne sont pas pour les enfants nous disent d'aller jouer. Le petit appartement n'offrait pas beaucoup de possibilités pour jouer, l'entrée minuscule, la salle à manger où nous couchions avec mon grand-frère, la cuisine type couloir étroit, ne restait que la chambre des parents.
Sept ans, c'est vraiment l'âge de jouer au docteur, ce que nous fîmes séance-tenante. J'avais pris la précaution de fermer la porte de la chambre et nous jouions cachés par un pan d'armoire. Au bout d'un moment, ma mère certainement inquiète de ne pas entendre le bruit caractéristique d'enfants en train de jouer, fît irruption dans la chambre. Nous étions vaguement protégés par l'armoire mais il ne lui fallût que deux enjambées pour nous découvrir. J'avais entre-temps remonté mon short mais restais tétanisé par la crainte. Comme nous étions face à face (ben oui le docteur et sa patiente), Jeannine, plus fine, se mit à faire "Pouf-pouf ça sera toi qui sera le chat!". Ma mère me connaissant, était suspicieuse par réflexe, mais le truc aurait pu marcher si elle n'avait remarqué la culotte de Jeannine autour de ses chevilles.
Elle ne dit rien, sauf qu'il nous fallait laisser la porte ouverte et la visite fût abrégée.
Dans l'après-midi elle chercha à savoir ce que nous avions réellement bricolé, mais malgré les cris et claques je ne démordis pas de la version officielle :" Nous jouions à chat.". Je ne revis plus jamais Jeannine.
Trois ans plus tard, nous avions déménagé pour d'autres raisons, une amie de ma mère qui possédait une petite maison en Bretagne, à Loquirec, lui proposa de nous prêter la dite maison pendant mi-juin à juillet, à charge pour elle de garder Louise sa fille cadette durant ce temps et également Bernard (douze ans) qui reviendrait d'un camp scout mi-juillet. Pour nous qui avions peu de moyens, l'occasion était trop belle pour hésiter.
Immédiatement mes relations avec Louise furent déplorables. J'avais l'impression qu'elle me détestait sans en comprendre la raison et malgré mes efforts pour l'amadouer, rien n'y fit. Je compris par après, lorsque sa mère vînt reprendre possession de son logis et que la mienne fût rentrée à Paris, qu'en fin de compte Louise ne supportait pas qu'une personne autre que sa mère ait prise sur elle. Nos relations ne s'améliorèrent pas à se sauter au cou, mais au moins je lui étais devenu supportable. Le soir, après dîner, on nous laissait jouer dehors avec les gosses des voisins jusqu'à la nuit. Comme tout vrai timide qui se respecte, on ne peut exister qu'en faisant le pitre de façon extravagante en multipliant les chutes comme au cirque, ça amusait beaucoup tout le monde sauf Louise qui me trouvait nul à chier.
Mi-juillet arrivèrent trois nouvelles recrues : Lily (Liliane) quinze ans blonde et belle à faire damner un saint, Mado (Madeleine) quatorze ans, pas très belle mais une poitrine de ouf et enfin Cricri (Christiane) treize ans belle, maternelle et avec des rondeurs là où il faut. Lily nous la vîmes qu'une ou deux fois car elle avait déjà un soupirant local. Plus tard alors que je visitais avec Bernard leur cabane dans les arbres, je compris que le soupirant ne faisait pas que soupirer.
La journée, nous étions toute une bande à jouer à la plage et dans les rochers avec Mado et Cricri et l'après-midi tirant à sa fin, la plupart d'entre nous rentrait chez eux et nous restions seuls Bernard, Mado, Cricri et moi à continuer le cache-cache dans grottes sabloneuses.
Un jour Cricri, ma préférée, m'attrapa par l'arrière du maillot de bain. Je me retournais rouge de confusion et un peu brutalement je lui dis "Non mais dis donc toi !" ce à quoi elle me rétorqua que de ce côté-là nous étions tous faits pareillement. J'en restais coi, je ne poussais pas plus loin à mon avantage.
Ce n'est qu'au fil des jours que nous découvrîmes nos différences mais cela se limita à de maladroits attouchements.
Un soir mon père débarque à l'improviste pour un week-end et durant le repas ma mère (toujours inquiète) lui raconte mes fréquentations, en l'occurrence et principalement les filles du garde républicain (c'était le boulot de leur géniteur) en insistant sur leur âge et surtout sur leur réputation qui circulait sous le manteau. "Je t'interdis de fréquenter ces donzelles !" assena t'il. Je restais confondu par la violence de sa réaction mais n'en fîs pas grand cas car nous étions le samedi et il repartait le lendemain après-midi. Le papa de ces charmantes enfants avait, il faut bien dire, des circonstances atténuantes puisqu'il venait de passer le mois précédent, sans aucun succès, à la recherche de sa femme partie avec un pompier. Il noyait son chagrin toute la journée dans les alcools locaux ce qui ne lui permettait pas de surveiller son cheptel avec autant d'acuité qu'il aurait dû.
Mais arrive la fin des vacances et déjà c'est le temps des adieux, on promet de se revoir à Paris...et puis le temps passe, mon père tombe une carte expédiée par Cricri, il la déchire et Cricri disparaît avec son adresse. Il est vrai que la caserne de la garde républicaine à Paris c'est pas dur à trouver, il suffit de se pointer place de la République ; mais sans le nom ? Attendre tout le jour qu'une des trois grâces veuille bien sortir ? Et puis c'était un beau souvenir de vacances, alors se retrouver en pleine ville, sans rien pour abriter nos errances c'était pas top; et je craignais aussi les foudres paternelles si nous étions découverts. Il y eut d'autres "après" toujours en demi-teintes, puis je m'aperçus que j'avais une propension à tomber amoureux de manière outrageusement définitive, ce qui tout en exaltant les nobles sentiments rend les séparations extrêmement pénibles.
Je me rends compte tout à coup que cet apprentissage sentimental intervient en pleine période scolaire et je n'ai pas parlé d'école. On ne peut pas dire que j'ai fait des étincelles dans ce milieu et à l'examen de mon carnet scolaire, chaque fois que je l'accompagnais aux commissions, chez chaque commerçant ma mère ne manquait de leur demander "Mais dites-lui comme quoi l'école c'est important pour plus tard." et le brave gars d'opiner "Ah qu'est-ce que je regrette de ne pas avoir pu continuer mes études", « Ah ! Si j’avais su ! » et autres banalités du même acabit.
Mais que n’y allaient-ils pas à ma place, je la leur cédais de bon cœur et je leur donnais mon goûter en prime. L’école quelle horreur ! On vous enferme dans ces espèces de grandes bâtisses sombres, entourées de hauts murs dont certains sont couverts de tessons de bouteille. On joue dans une cour goudronnée plantée de marronniers tristes. On vous confine dans des salles de classes où les fenêtres sont si hautes qu’on ne voit qu’un bout de ciel quand il n’est pas occulté par un de ces putains de marronnier.
Moi je voulais partir à l’aventure, profiter de la nature, regarder les papillons, écouter le chant des oiseaux mais certainement pas rester enfermé dans ces trucs infâmes. Partir sur les routes, en bateau comme passager clandestin (j’avais lu Tintin). Je me souviens de mon premier (court) voyage en train de marchandises, dans un wagon découvert rempli de poutres en béton ; avec la vitesse les poussières de béton voletaient partout et j’en ressortis blanc-gris. Il est vrai que le retour fût moins évident et moins glorieux mais j’avais dans ma tête une belle séquence de liberté.
Mon père, un Russe blanc comme on dit, avait fui la révolution de 1917 sur son cheval. Après moult péripéties, était arrivé en France et avait rencontré ma mère. Ils s'étaient mariés en 1925, elle normande pur jus et lui, le cosaque étranger. Mais sans le couteau entre les dents tel qu'on représentait les Russes à ce moment-là. Il avait fait les démarches pour acquérir la nationalité française mais l'administration traînait des pieds. Et c'est peu dire puisqu'il l'obtiendra en 1939 à la déclaration de guerre. C'est fou ce qu'un évènement anodin peut faire accélérer certaines choses. Mon père, à quarante ans, pas rancunier du tout s'engage aussitôt dans l'armée française et part à la guerre avec sa mandoline. Faut dire que l'ambiance à cette période était plutôt euphorique.
Tout ce laïus pour comprendre ce qui suit. Après la libération les Russes, nostalgiques par atavisme, avaient l'habitude de se retrouver par groupes et affinités pour des repas dominicaux interminables (pour moi) et là je reviens à l'école, ma bête noire.
Pour nous, le retour de ces agapes se passait le soir en métro. Nous étions silencieux, j'avais la tête appuyée contre la fenêtre et entre deux publicités de Dubo...Dubon...Dubonnet, je voyais le reflet de mes parents dans la vitre. Ils avaient l'air morts et je sentais monter une angoisse indicible à l'idée de retourner à l'école le lendemain. Pour moi, le dimanche soir a toujours été un moment d'anxiété et d'inquiétude. Comme tous les gamins, je rêvais pratiquement toutes les nuits et quel que soit le sujet du rêve lévitation, chute vertigineuse, poursuite par un psychopathe, la fin était toujours pareille; j'atterrissais dans un caniveau où l'eau s'écoulait gentiment et le courant m'entraînait irrésistiblement vers une bouche d'égout. Durant ce bref trajet, je pensais à mes parents, à ma mère surtout, qui n'allait pas manquer de mourir de chagrin. En tombant dans l'égout, j'atterrissais dans une sombre pièce rectangulaire en béton. Dans cette pièce, mes parents face à face, mangeaient sur une table en bois, assis sur des bancs de bois également. Fin du rêve, réveil et préparation pour aller l'école la boule au ventre. Seul le retour après la classe apportait un bref soulagement jusqu'au coucher.
J’étais mauvais élève par propagation, c'est à dire que les mauvaises ondes s'accumoncelaient au fond de la classe là où je me trouvais.. Je l’ai dit, étant timide, je ne me mêlais jamais au chahut qu’il soit général ou pour le seul profit d’un prof, mais j’avais une tête « à se foutre du monde ». Et ça ne ratait jamais, s’il y avait un puni d’office c’était pour ma pomme bien que je n’y fus pour rien. Une fois la réputation faite ça vous colle à la peau comme une étoile de David en 1941.
Tiens, je me rappelle, j’étais en quatrième, il y avait un prof d’anglais qui se faisait ouvertement chahuter en permanence, il voyait les fauteurs de trouble, moi j’étais dans mon coin sans bouger et ça me faisait de la peine pour lui parce que je ne le croyais pas méchant … ce qui ne l’a pas empêché d’aller me balancer au prof de math qui faisait fonction de principal comme étant le meneur de la danse. Pourquoi a t’il fait cela ? Mystère ou bien il était à bouts.
Le lendemain, après déjeuner, je revenais à l’école en traversant ce qui servait de préau en cas d’intempéries. Trois profs discutaient ensemble, le prof de math, le prof de sciences nat. et mon prof d’anglais. Ils me voient et m’interpellent. Je me rends au milieu du trio et le prof de maths me demande des explications sur le chahut de la veille. J’ai beau nier rien y fait. Quand tout à coup, le prof d’anglais me balance une baffe tellement monumentale que je manque de m’étaler par terre. Je le regarde abasourdi, lui aussi me regarde, statufié par son geste et puis baisse les yeux. Pendant que ma joue rougit et gonfle, je ne lui en veux pas, c’est parfaitement injuste et je ne lui en veux pas, j'ai de la pitié pour lui et il le lit dans mes yeux. Dans cet incident je suis sûr que c'est lui le plus malheureux.
Les deux autres qui n’en sont pas à leurs baffes d’essai considèrent la situation comme réglée et chacun vaque à ses occupations. Nous étions en fin d’année scolaire et sur mon carnet de correspondance, comme ça s'appelait, et que je ne pus dissimuler à mes parents était écrit : « N’est pas admis à passer en troisième. N’est pas admis à redoubler sa quatrième » …mais je n’étais pas renvoyé. Ceci a marqué la fin de ma fréquentation à l’école publique et j'entrais dans le privé-catho au grand dam de mes parents puisque nous n’étions pas bien riches.
Est-ce dû au fait que ça coûtait cher ou bien était-ce le changement d’univers, de la culpabilité, des remords ? Va savoir !
Qu’importe, dans une classe de soixante-douze élèves en début d’année et de cinquante-six en fin d’année, j’arrivais trois fois premier et finissais cinquième au classement annuel, ce qui me permit d’obtenir mon BEPC qui représentait encore quelque chose au siècle dernier.
J’étais fin prêt pour rentrer dans la vie active et poursuivre des études de radio-électricité (électronique n’était pas encore dans l’air du temps) en cours du soir pendant cinq longues années.
Et hop, un petit flash-back sur l'année de la quatrième. Nous habitions Levallois et à l'occasion des jours sans école, je longeais très souvent les murs gris interminables des usines Citroën. L'hiver ça ne me créait aucune émotion mais l'été, sous le soleil, c'était bien différent. En cheminant tout le long de ces murs je sentais les odeurs d'huile de coupe, qui s'échappaient par les vasistas grand ouverts, odeurs auxquelles s'ajoutaient le tintamarre des machines, le bruit de la chaîne et pensant aux pauvres bougres qui ahanaient dans cette atmosphère délétère, je m'angoissais ferme à l'idée que ce pourrait bien être mon futur compte-tenu de mes résultats scolaires déplorables.
Si je pensais ainsi, c'est que comme Jacques-Yves Le Toumelin, je croyais à la prédestination de l'humain. Un fils d'ouvrier serait ouvrier, un fils de notable serait notable etc. Ceci me plongeait dans un abyme de réflexion car mon père possédait un quartier de noblesse (russe), avait un niveau d'instruction supérieur, mais il était ouvrier...alors quel destin pouvais-je espérer ?
Les amours vont et viennent et des fois c'est compliqué. En rendant visite à un copain en Suisse, j'avais rencontré une fille qui était infirmière dans un hôpital psychiatrique. Dans sa chambre, la nuit, on entendait parfois des cris et des lamentations qui perçaient sinon les murs, mais du moins les oreilles et moi, ça me perturbait. En dehors de la distance qui nous séparait et étant mineur, se voir n'était pas toujours évident car il me fallait user de ruses de sioux pour passer la frontière dans le sens France-Suisse. Les douaniers helvètes sont assez pointilleux.
Mes parents, ma mère surtout, trouvaient que j'allais y laisser ma santé et probablement me ruiner avec ces voyages Paris-Neuchâtel-Paris et donc voulurent m'empêcher de "jeter ma gourme" comme on dit.
Interdire une chose est encore le meilleur moyen de la rendre plus attirante. A bout d'arguments, je fuguais et passais cinq jours en Suisse sans donner de nouvelles. De retour par le train de nuit, je téléphonais de la gare à mes parents. L'échange fût bref et sec. "C'est moi ! Est-ce que je peux rentrer ?" - "Imbécile !" dit ma mère. C'est ainsi que je regagnais le bercail. Je compris mais un peu tard, qu'ils s'étaient salement angoissés durant mon escapade. Il n'y eut ni reproches, ni cris, ni menaces, rien ! Je rentrais dans le rang peu après car la Suisse c'est quand même loin quand on a peu de moyens et surtout j'avais découvert que ma fiancée du moment se languissait d'un ex et espérait son retour.
Comme quoi y'a pas que Tristan et Iseut qui ont des ratés dans la carburation.
Ma mère, que Dieu s'il existe l'ait en sa sainte garde, et bien qu'elle s'en doutât, n'a jamais su le quart du tiers de mes conneries passées présentes et à venir, et c'est tant mieux.
Je retrouvais ma vie de boulot le jour et cours le soir jusqu'à mon départ à l'armée. J'aurai encore quatre années de cours après mon escapade dans le pétrole... ...Mais ça c'est une autre histoire.
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